• Chapitre II - 014

    Chapitre II - 014

    C'est le matin et les adolescents d'Orangeville se sont regroupés dans la cuisine pour manger. Il fait beau et l'air est particulièrement chaud ; le ciel d'azur est strié d'oiseaux tropicaux et les vagues achèvent d'emporter les restes de châteaux de sable du concours d'hier. 

    Je suis assise à la table des malchanceux. Bon, peut-être pas tout à fait, mais c'est presque ça. Catherine et Benjamin ont préféré se joindre à nous, ils disent qu'ils sont pas en couple et que c'est qu'un simple délire. Mouais... 

    Enfin, au final je m'en fiche. Je pars dans six jours et c'est tout ce qui importe. 

    - J'ai parlé à Nico, m'informe Audrey. Comme il reste quelques lits de libre... 

    - Eh ?

    Elle me parle, celle-là ? J'étais perdue dans mes pensées. Décidément, je suis pas douée avec les gens...

    - Ce serait pas un cinglé, ton frère ? 

    Un cinglé ? Oui, la description lui correspond à peu près. 

    - Parce qu'il a posté une annonce sur Facebook proposant de payer les billets des ados qui voudraient bien nous rejoindre. 

    Chapitre II - 014

    - Chut Audrey, c'est l'idée du siècle ! se défend-il. M'man m'a donné son accord. Elle remboursera toutes les dépenses ! C'est pour le bien de la ville, après tout !

    - Le bien de la ville ? répète Kamélia. T'es sûr que c'est sécuritaire d'inviter des inconnus ici ? Qu'est ce qui te dit que tu te feras rien voler ? Ça va attirer quel genre de personne, à ton avis ? 

    - Du calme Kamé, la rassure Amanda. Tu t'en fais pour rien. 

    Chapitre II - 014

    - Je l'ai aidé à choisir les candidats, ajoute-t-elle avec enthousiasme. Ils viennent pour la plupart de Fraiseville. Sympa, non ? 

    Je pense que je dois dire adieu à mes vacances paisibles... 

    Kamélia a raison de s'inquiéter. C'est le plan le plus tordu que j'ai jamais entendu de toute ma vie. Et c'est mon frère qui y a pensé ? Misère !  

    - Imaginez les fêtes qu'on pourra faire ! s'exclame Nicolas. Hier c'était sympa, mais avec quelques personnes de plus...


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  • Chapitre II - 015

    - Il a raison, l'appuie Benjamin. 

    - Orangeville est trop fermée sur elle-même, faut ouvrir les portes un peu, ajoute Catherine. Ça va être la première fois qu'on rencontre des gens de l'extérieur. Vous imaginez ? 

    C'est vrai qu'on descend tous des mêmes douze fondateurs. Résultat ? Y'a pas un seul gars qui vienne pas de ma famille dans cette foutue ville. C'est peut-être pour ça que les gens sont trop bizarres ? Y'a quelque chose qui tourne pas rond dans leur tête. Benjamin, par exemple... 

    Ça risque de virer à l'inceste sous peu si on fait pas venir d'étrangers. Mais au fond, j'ai peur de voir ma ville changer. J'espère que mon frère a choisi des gens bien, des gens comme nous. 

    Chapitre II - 015

    - Ils arrivent quand ?

    - Certains au cours de la journée, d'autres plus tard, me répond Nicolas. Ça dépend. Mais t'inquiète, tout est sous contrôle. 

    T'inquiète ? Non, j'ai toutes les raisons du monde de m'en faire. Je suis sûre qu'il a choisi des gens aussi cinglés que lui. 

    Chapitre II - 015


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  • Chapitre II - 016

    Une adolescente s'avance sur l'allée bordée de haies. Lorsqu'elle atteint la porte, elle appuie sur la sonnette après un court instant d'hésitation. 

    Chapitre II - 016

    - J'y vais ! dis-je en me levant brusquement. 

    Bon, c'était peut-être "un peu" rapide comme réaction, mais au moins je vais pouvoir renvoyer les gens trop louches, non ? 

    - Chewbacca veut un prince ! Chewbacca veut un prince ! chantonne Dylan. 

    - Chut !

    Ce qu'il est bruyant, celui-là ! En plus, c'était même pas mon but. J'y pensais plus du tout.

    Quoi, vous me croyez pas ?

    Chapitre II - 016

    J'y crois pas ! Cette fille a l'air... normale ! Ça doit être un piège. 

    - Bonjour, tu viens pour l'annonce ? 

    - Oui, je m'appelle Jade, répond-elle d'une toute petite voix. Je viens de Fraiseville... 

    Elle est timide. Complètement à l'opposé du genre de profil que mon frère semblait chercher. J'ai l'impression de m'être faite piéger dans un truc de caméras cachées, ça tourne pas rond. 

    - Moi c'est Katia, bienvenue parmi nous. 

     

     


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  • Chapitre II - 017

    Mais j'ai même pas le temps de faire connaissance avec Jade que ce crétin de jumeau lui saute dessus. Et après c'est moi, la fille désespérée ?

    - Bienvenue, bienvenue ! tonne-t-il en l'enlaçant dans ses bras. Bienvenue à la maison de l'amour ! Là où le soleil brille et que les oiseaux chantent ! Bienvenue ! 

    Oui Dylan, t'es surtout pas désespéré. Je te crois. Tu vas traumatiser cette pauvre fille... 

    - Bonjour, répond-elle en bafouillant. Euh... je m'appelle Jade. 

    - Et moi c'est Dylan, mais appelle-moi comme tu veux ! 

    Quoi, il a toujours pas compris que ça faisait pas d'effet aux filles ?

    Elle le regarde en silence.

    - Oui, enfin... appelle-moi Dylan. 

    Chapitre II - 017

    - Venue du bout du monde, je vous présente la magnifique Jade ! Tu peux t’asseoir ici, ajoute-t-il en direction de la concernée. 

    Jade s'assoit et baisse les yeux, intimidée. Je pense qu'elle regrette déjà d'être venue. 

    - T'es con Dylan, tu lui fais peur, lui reproche Audrey. 

    - Mais non ! 


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  • Chapitre II - 018

    Je profite de l'hystérie générale pour fuir dans la mer. Ça me plaît pas du tout, cette histoire-là. On aura combien de nouveaux ?

    J'espère qu'il y en aura pas trop... 

    Chapitre II - 018

    - Katia ?

    Je me retourne en entendant la voix de Jade. Elle était pas avec les autres ?

    - Faut que je te parle. Je peux...?

    Chapitre II - 018

    J'accepte et on s'installe sur le sable. La chaleur des grains est agréable. Je pense que je vais m'ennuyer de l'océan quand je serai de retour à Orangeville... 

    - Tu voulais me dire quoi ? 

    - Euh... je sais pas. C'était une excuse pour faire connaissance...

    Misère. Ça commence déjà. Elle est franchement bizarre, cette fille. 

    - Tu viens d'où ? me demande-t-elle. 

    - Orangeville. C'est un petit coin perdu, tu dois pas connaître. 

    - Et ton nom de famille, c'est bien Aubry ?

    Pourquoi elle me demande ça ?

    - Oui, c'est ça. 

    Chapitre II - 018

    - J'ai entendu parler de ta famille. Vous avez une grosse réputation. 

    Ah bon ? Je savais pas qu'on était célèbres. Je suis pas du genre à traîner sur le net ; on le capte très mal à Orangeville, et maman s'en fiche trop pour essayer d'y changer quoi que ce soit. 

    - C'est pas trop dangereux ? ajoute-t-elle. Je veux dire... de sortir de chez toi, avec tout ça... 

    - Quoi ? 


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