- Tu penses qu'il va l'aimer ?

Audrey décroche la robe et l'admire en silence. 

- J'imagine, oui. 

Ma mère a acheté ce truc il y a quelques années en pensant me faire plaisir, mais je ne l'ai jamais porté. Trop court. Trop... vert. Et je déteste le vert. 

Audrey enfile la robe verte et me questionne du regard. 

- Alors ? 

J'hoche la tête. 

- Ça te va plutôt bien. 

- Vraiment ? dit-elle en se posant devant le miroir. Je ressemble à une catastrophe... ce bouton, il me rend dingue. Et mes cheveux...

- Mais non... 

C'est la première fois que je vois Audrey se soucier autant de son apparence. C'est le genre de fille à faire passer le bonheur de ses frères et sœurs avant le sien, allant même jusqu'à se lever aux petites heures pour préparer leurs lunchs pendant la semaine. 

Audrey s'assoit à la coiffeuse et tente d'attacher ses cheveux en un chignon soigné. 

- Alors ? demande-t-elle après quelques minutes. Tu trouves pas que je ressemble à maman ?

- De ce que je me souviens d'elle, oui. 

Hélène était une femme magnifique.

Je me souviens que maman devenait très irritable en sa présence. Elle s'empressait toujours de la chasser au plus vite, un peu comme si sa présence avait été une forme de malédiction.

- Mais tu sais, Audrey... tu devrais pas faire ça. C'est une mauvaise idée...

Audrey baisse la tête.

- Je suis moche, hein ? J'arrive pas à la cheville de maman... cette robe, elle me va pas... et ce maquillage... 

- Nathan va rire de moi... hein ? Je suis ridicule... 

- Je devrais tout annuler. Notre sortie, nos plans... tout. Hein, Katia ? Je suis pas à la hauteur... il est trop... parfait... 

- Arrête de dire n'importe quoi.

Je fais un sourire pour la rassurer. 

- Tu es très jolie, Audrey. Bien plus que moi. Et je sais qu'il t'apprécie... 

- Tu le crois vraiment ?

- Oui. 

- Oh, merci Katia ! Si tu savais comme ça me rassure de l'entendre... !

- Le problème, c'est pas toi, c'est... 

Mais Audrey ne m'a pas entendue. Toute excitée, elle prend la direction de la porte en rêvant de leur rendez-vous à venir. 

- J'y vais ! Souhaite-moi bonne chance !